Le blog

Wikipédia à télécharger!

wikipediaforschools.png

Wikipédia à télécharger ? Non, ce n'est pas un rêve, c'est déjà une réalité. En association avec l'Organisation Non Gouvernementale internationale SOS Villages d'Enfants, la Wikimédia Foundation a réalisé une version téléchargeable de Wikipédia (uniquement en anglais) notamment pour des écoles en Afrique du Sud et en Inde.

Ce beau projet réunit un volume encyclopédique de 34 500 images, 20 millions de mots qui composent les 5500 articles (sans liens externes c'est-à-dire sans URL extérieurs à Wikipédia).

La version 2008/2009 de ce Wikipédia pour les écoles destiné à des enfants de 8 à 17 ans vise à couvrir avant tout des pays en voie de développement et où la connexion Internet n'est pas aisée. Par rapport à l'édition précédente, 15 % du contenu a été oté de cette version et 2000 articles ont été ajoutés. La sélection des articles se base sur le curriculum britannique (bases communes du programme scolaire en Grande-Bretagne).

Pour en savoir plus sur cette version de Wikipédia à télécharger

Consultez la page 2008/9 Wikipedia Selection for schools qui explique les différents choix et la démarche suivie. L'index des thèmes couverts figure en ligne tout comme l'index des articles par mot.

Où télécharger Wikipédia for schools ?

La version Wikipédia For Schools peut être téléchargée gratuitement et être utilisée gracieusement dans un cadre non marchand à cette adresse (en BitTorrent). Attention, la taille du fichier est de l'ordre de 3,5 Go. Cette version peut donc être par exemple être gravée sur un DVD.

A quand une version en français de ce travail ?

Tags : Afrique - CMS - enfant - fracture-numérique - International

Jeunes et commerce électronique : étude et recommandations

Après la mise en ligne d'une étude générale sur les Jeunes et Internet fin septembre, le CRIOC (Centre de Recherche et d'Information des Organisations de Consommateurs, Belgique) vient de publier sur le Web une nouvelle étude réalisée en juin 2008 avec le soutien de la Commission Européenne intitulée : "Les Jeunes et le commerce électronique" téléchargeable gracieusement à cette adresse (en pdf, 45 pages).

Objectifs de cette étude : Décrire les habitudes des jeunes en matière d'usage d'Internet et de commerce électronique et préciser leurs comportements de consommation et leurs attitudes face au commerce électronique. Le panel qualitatif a réuni des enfants de moins de 17 ans en Belgique et pour le panel quantitatif, des interviews ont été réalisées dans des classes francophones et néerlandophones du primaire et du secondaire du Royaume.

Voici quelques enseignements statistiques de cette étude dont l'approche est vivement intéressante.

L'équipement numérique et multimédia des jeunes

Plus d'un jeune sur trois dispose d'un équipement média dans sa chambre, presque un jeune sur deux d'une TV et huit jeunes sur dix d'une radio.

Le taux d'équipement informatique avec connexion Internet pour un enfant ou adolescent se rapproche peu à peu des niveaux élevés des média traditionnels.

Les taux d'équipement média varient selon les groupes sociaux. Plus le jeune appartient à un groupe social bas, plus le taux d'équipement est bas. Les jeunes appartenant aux familles modestes sont moins nombreux à posséder, dans leur chambre, une TV (-8%), une connexion Internet (-5%), une console de jeux (-12%).

Les jeunes présents dans l'enseignement général et technique disposent plus souvent àdomicile d'une connexion Internet (+5%) que les jeunes de l'enseignement professionnel (-19%).

Que font les jeunes Belges sur Internet ?

Ils chattent (82 %) puis jouent sur Internet (73 %) et envoient des mails (73 %), consultent des sites Web (71 %), téléchargent des musiques (69 %). Ils ne sont pas si nombreux à posséder un blog (32 %) et participent peu à des forums de discussion (15 %). Il est à noter que les activités Web chez les jeunes se fragmente et se diversifie de plus en plus.

Les sites préférés des enfants et adolescents sont d'abord des sites de jeux (35 %) puis des sites de partage commr Fotolog, YouTube, ThePirateBay, Itunes (27 %) avant les sites communautaires de blogs, Skyblogs, MySpace (26 %). Les sites communautaires (blog, MySpace...) sont plus fréquentés par les filles (+8%). Constat préoccupant : les sites d'information et de médias sont peu consultés tout comme les moteurs de recherche.

Les jeunes et le commerce électronique

Tous les ados (15-16 ans) consultent des sites pour prendre connaissance d'informations sur les produits et plus particulièrement des prix. Les participants consultent le plus souvent des sites proposant des vêtements, du matériel électronique (PC, GSM...), des CD ou des DVD.

Les adolescents achètent des vêtements, des places de spectacles ou de cinéma sur des sites commerciaux. Certains achètent et vendent des objets sur des sites d'enchères (GSM, PC, DVD, Posters, télévision, vélo, jeux, places de concert...).

Plusieurs d'entre eux déclarent utiliser la carte de crédit des parents en leur présence, mais ils déclarent par ailleurs connaître le code de la carte de crédit ce qui laisse supposer que s'ils le désirent, ils sont capables d'effectuer toutes les opérations d'un achat via Internet en dehors de la présence d'un parent. Certains payent eux-mêmes soit en cash ou par virement postal mais pas par virementélectronique.

A la question de savoir si les jeunes s'échangent les "bons plans" ou s'avertissent des "mauvais plans" sur Internet en matière d'achat, 88% déclarent ne pas adopter ce type de comportement.

C'est majoritairement àpartir de 14 ans et de manière croissante qu'ils fréquentent les sites de commerce électronique, avec une légère avance pour les garçons par ailleurs personnellement bien équipés (TV, ordinateur et console dans leur chambre).

Les craintes des jeunes vis-à-vis du commerce électronique

L'étude expose les craintes des jeunes par rapport au commerce électronique : l'attention aux frais de ports excessifs, les dangers des petites annonces (identité du vendeur et qualités du produit) même s'ils accordent une fiabilité à la notation en ligne du vendeur, et l'abus de confiance, le risque de paiement sans livraison, les virus et le spam.

En général, les adolescents se déclarent prudents quant à la transmission d'informations personnelles les
concernant sur Internet. Cependant, certains n'hésitent pas à communiquer des informations de bases (nom adresse etc.), voire plus précises (numéro de GSM, goût et préférences) à leur sujet.

Quels outils pédagogiques utiliser ?

L'étude interroge ensuite les enfants sur les outils pédagogiques en ligne qui peuvent les intéresser sur les notions de dangers ou d'éducation au multimédia (visant à l'information sur les risques liés aux aspects commerciaux sur l'internet). Un DVD séduirait peu. En revanche, une campagne de marketing virale avec faux site les intéresse (voir campagne Click2win).

Les jeunes demandent de disposer spontanément des simulations incluses directement sur les sites qu'ils fréquentent, sous formes d'annonces pièges, d'alertes sonores et ou de pop up envahissant l'écran. Ils suggèrent d'insérer des systèmes qui les interpellent directement sur les sites qu'ils sont amenés àfréquenter lorsqu'ils surfent.

Les jeunes inégaux face aux risques liés aux aspects commerciaux du Web

Aujourd'hui, la "fracture numérique dite du premier degré" s'est réduite (l'accès). La problématique de la protection des mineurs d'âge sur Internet se positionne de plus en plus en termes de "fracture numérique du second degré" : les jeunes surfeurs ne sont pas égaux face àla gestion des risques sur Internet.

Des recommandations du CRIOC

Enfin, le CRIOC établit des recommandations sur les outils pédagogiques à utiliser pour l'information et la sensibilisation des jeunes à une attitude responsable vis-à-vis du commerce électronique, tout comme un accompagnement adapté.

Il est évoqué notamment un point qui fait écho à des activités en EPN : "L'approche pédagogique doit pouvoir se décliner à travers une approche multi-générationnelle et familiale offline, et une approche du secteur éducation, pour les enfants jusqu'à 12 ans : développement d'outils pédagogiques et de formation pour les éducateurs (famille, écoles...)".

Le CRIOC conclut ainsi dans son communiqué présentant cette étude :

"Les pouvoirs publics doivent continuer à encourager l'utilisation des technologies de l'information et de la communication dans les lieux publics, les lieux de vie et d'enseignement et faciliter le développement de contenus publics adaptés, libres de droit et susceptibles d'être utilisés par les jeunes.

Des problèmes en matière de protection des mineurs doivent être solutionnés en matière de:
  • Respect des pratiques de commerce notamment en matière d'arnaques, achats, surfacturation, pollupostage (spams), responsabilité des infomédiaires (et notamment les sites d'échange), garantie vis-à-vis des tiers de confiance, protection des achats en ligne et modes de paiement.
  • Respect de la vie privée, notamment en matière de consentement préalable, de collecte systématique et l'utilisation des adresses collectées sans le consentement libre, spécifique et informé des internautes destinataires.
  • Pratiques publicitaires, notamment les nouvelles techniques comme le marketing viral.
  • Respect du droit à l'information et à la copie privée.
  • Dépendance aux jeux."

Tags : animation - association - Belgique - citoyenneté - CMS - cours - enfant - fracture-numérique - Internet - jeu - jeune - pédagogie - réseaux sociaux - sécurité - Usages - web-2.0

Animateur multimédia en EPN : un rôle prépondérant dans la lutte contre la fracture numérique en Belgique

Site d'information belge de référence sur l'informatique et Internet, DataNews a consacré le 16 octobre, un article relayant quelques conclusions d'une étude scientifique de la Fondation Travail Université pour le Service Public Fédéral Intégration Sociale analysant le "fossé numérique de 2e type" : "Pour un statut de formateur numérique", papier repéré par Valérie de l'EPN Momiclic.

Il est rappelé le rôle moteur des EPN en Belgique pour lutter contre la fracture numérique "dont l'ambition est de familiariser les citoyens avec les TIC et l'internet" tout en insistant sur l'accompagnement des animateurs multimédia : "Ils doivent vraiment être passionnés par leur métier pour s'en sortir, car leur emploi n'est pas garanti (...) Ils se battent au quotidien pour faire reconnaître la légitimité de l'existence de leur espace numérique."

En conclusion, le journaliste Stefan Grommen souligne :
"La FTU demande dès lors aux différentes autorités de "s'atteler d'urgence à une reconnaissance professionnelle du métier de formateur numérique et d'accompagnateur d'EPN.""

Tags : animation - Belgique - EPN - fracture-numérique - média - métier - Wallonie

Les EPN, un outil d'intégration sociale... La question de la pérennisation des EPN

Le nouveau numéro de la Lettre EMERIT (Expériences de Médiation et d'Evaluation dans la Recherche et l'Innovation Technologique - n°55), une revue scientifique éditée par le Centre de recherche Travail et Technologies de la Fondation Travail-Université de Namur (Belgique) consacre un de ses focus sur les EPN avec un titre d'article qui a du sens : "Les Espaces Publics Numériques, un outil d'intégration sociale".

Cette revue est éditée par deux éminents chercheurs sur la fracture numérique dans le monde francophone, à savoir Gérard Valenduc et Patricia Vendramin.

A télécharger gracieusement en pdf : Le numéro 55 de la revue EMERIT. Retrouvez les anciennes éditions à cette adresse.

En introduction, ce dossier EPN fait état des politiques publiques de lutte contre la fracture numérique via les EPN dans les 3 régions du Royaume de Belgique (Flandre, Bruxelles et Wallonie) et d'initiatives du Gouvernement Fédéral en dressant une brève typologie de lieux ("associations sociales et culturelles, bibliothèques communales, centres publics d'aide sociale, maisons communales, maisons de l'emploi, maisons de quartier, etc.").

Dans un second temps, l'article évoque le rôle et les caractéristiques des EPN sur les territoires et en particulier celui des acteurs de terrain, le rôle emblématique des animateurs multimédia :
"Tous les animateurs s'accordent à reconnaître la prépondérance de leur mission d'initiation et d'accompagnement, car les EPN sont de véritables espaces collectifs d'apprentissage. Toutefois un EPN n'est pas un espace de formation classique; il s'agit plutôt d'un lieu d'apprentissage informel, où l'échange et l'entraide entre participants sont fréquents. Ainsi, au-delà de leurs deux missions fondamentales d'accès et d'accompagnement, les EPN se révèlent être des lieux de rencontre et de socialisation. Le constat est unanime, tant en Flandre qu'en Wallonie et à Bruxelles. Les EPN sont devenus des "espaces citoyens" au sein desquels se crée du lien social. Des personnes provenant de milieux sociaux, économiques ou culturels parfois très différents s'y rassemblent, alors qu'elles n'auraient sans doute jamais eu l'opportunité de se côtoyer voire d'échanger, ailleurs, dans la société. Le rôle que joue l'animateur dans cette dynamique de socialisation est fondamental."

Le papier indique ensuite l'action des EPN qui travaillent pour/avec les publics éloignés :
"[Ils] travaillent à l'abaissement des seuils d'accès aux formations TIC, afin de lever les barrières qui entravent l'acquisition d'aptitudes de base nécessaires à l'appropriation des technologies, ceci en vue d'améliorer la situation sociale des individus, leur développement personnel ou leur insertion sur le marché du travail. L'accompagnement à l'utilisation des TIC devient alors davantage un moyen d'émancipation qu'une fin en soi."

Il est ensuite souligné les difficultés vécues par les EPN pour l'accompagnement des publics fragilisés en termes de "moyens matériels et humains suffisants" qui induit donc des choix et fait objet de débats.

Enfin, cet article s'attache à montrer ce qui peut faciliter un parcours vers une pérennisation des Espaces Publics Numériques :
  • Les partenariats et le soutien des autorités communales,
  • Le renforcement du maillage local "en s'appuyant sur les dynamiques locales existantes",
  • Que les lieux soient porteurs d'un projet éducatif original ancré dans le quotidien "avec une bonne compréhension des préoccupations personnelles et quotidiennes",
  • Parvenir à identifier et à toucher les publics éloignés des Technologies de l'Information et de la Communication,
  • Elargir l'offre d'accompagnement des EPN en direction d'usages émergents : "photo numérique, vidéo numérique, GSM de nouvelle génération (...) et aux nouveaux outils interactifs : wiki, blogs, réseaux sociaux, etc.".

En conclusion :
"Pour l'avenir des EPN, la question des moyens humains est bien plus cruciale que celle des moyens techniques. L'enjeu est à la fois de stabiliser les emplois créés par les EPN et de permettre aux animateurs de continuer à mettre à jour leurs propres compétences."

A noter qu'à plusieurs reprises, le réseau des EPN de Wallonie est cité comme bonne pratique de mise en réseau d'Espaces Publics Numériques.

Nous reviendrons tout prochainement sur le rapport de la FTU Namur sur la construction numérique de compétences pour le Service Public Fédéral Intégration sociale. Des EPN du réseau des Espaces Publics Numériques de Wallonie ont participé activement à un workshop ayant contribué à l'établissement de ce rapport.

Tags : bruxelles - EPN - flandre - fracture-numérique - réseau - Wallonie

Fracture numérique d'usage : 5 conditions nécessaires pour avancer

Enseignant en Mathématiques au Québec (Canada) et passionné par les citations, la littérature et le Web littéraire, Gilles G. Jobin consacre son blog Jobineries un article très intéressant : Andragotic qui montre les difficultés au quotidien de l'utilisation de l'ordinateur par ses collègues et l'administration scolaire, des personnes non novices, précisons-le.

Fin analyste, Gilles Jobin livre des cas pratiques liées à une fracture numérique d'usages, prend soin d'indiquer que ces personnes ne sont pas incompétentes ("Absolument pas. Elles sont tout simplement démunies, face à un problème hors de leur zone de confort : la zone proximale de Vygotsky") et indique quelles sont les 5 conditions nécessaires pour "éduquer des personnes aux joies des technologies" :

1. La curiosité

"La curiosité est une attitude de disponibilité ou d'intérêt à l'égard d'un sujet ou d'un phénomène donné (...) Et, naturellement, plusieurs personnes ne sont aucunement curieuses à l'égard des technologies."

2. Le goût d'apprendre

"L'ordinateur peut nous apprendre beaucoup de choses sur nous (la patience, la persévérance, l'acharnement dans un problème, la culture de réseau, etc.) mais on doit, de notre côté, apprendre «qui» il est. Apprendre à reconnaître ses messages, apprendre à interpréter ses signes, etc."

3. De bonnes stratégies en résolution de problèmes

"Quand nous devons affronter des problèmes dont nous n'avons aucune idée de la solution, nous devenons tout piteux. Les gens qui sont à l'aise avec la résolution de problèmes sont en général bien disposés envers les ordinateurs."

4. Savoir lire

"Il y a des centaines et des centaines de messages envoyés par l'ordinateur à son utilisateur. Comment diable apprendre à les lire ? (...) Lire, c'est lire en contexte. C'est savoir utiliser des outils de dépannages. Et à l'ordinateur, c'est surtout utiliser sa tête pour résoudre des problèmes."

5. Une connaissance de la "pensée ordinateur"

"(...) Un fait demeure : un ordinateur a sa propre langue qu'on peut difficilement éviter d'apprendre si on veut être le moindrement efficace. Un ordinateur demande du temps, demande à être exploré et non seulement exploité. Sachez aussi qu'un ordinateur n'est pas qu'un simple outil : c'est d'abord un média. Non seulement est-il un intermédiaire entre soi et le monde, mais il l'est aussi entre soi et soi."

En conclusion provisoire

En fin d'article, Gilles Jobin se demane si l'on a déjà appris à apprendre et il insiste (pour les publics adultes) : "Je crois que le problème principal est un non-plaisir dans l'acquisition de nouvelles connaissances que ressentent moult adultes (...) Prendre du temps pour apprendre l'informatique, apprendre à contrôler sa machine semble donc hors de leur portée car l'enthousiasme n'y est pas. Tout cela est bien désolant."

Les propos de cet enseignant sur un public déjà sensibilisé à l'informatique mais qui veut aller plus loin sont inutiles pour les EPN confrontés à cette réalité.

Tags : fracture-numérique - guide - pédagogie - sensibilisation

Fracture numérique : qui sont les non usagers d'Internet ?

Sur son site Internet, MARSOUIN (Môle Armoricain de Recherche sur la SOciété de l'information et des Usages d'INternet - des chercheurs bretons dans différentes disciplines) publie deux travaux de recherche sur la fracture numérique attendus depuis quelques semaines et qui envisagent sous un angle renouvelé, les non-usages de l'internet de l'informatique ou une "précarité" de l'utilisatio .

Usages des technologies par les citoyens fragilisés

"Les déterminants d'usage des TIC par les citoyens fragilisés au sein de leur lieu de vie" par Myriam Le Goff-Pronost, (département LUSSI, GET / Telecom Bretagne) et Jocelyne Trémembert (Marsouin, OPSIS) - Mars 2008

Article introductif - Rapport de 100 pages à télécharger (au format .pdf)
"Ce travail fait suite à un appel à projet lancé en juin 2007 par le Conseil Général des Technologies de l'Information du ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie sur "la réalisation d'un recensement et d'une analyse globale d'études effectuées sur l'emploi des nouvelles technologies de l'information et de la communication par les patients dans leur lieu de vie"

Ainsi, dans une première partie du rapport, nous présentons la démarche méthodologique adoptée. Dans une seconde partie, nous identifierons les déterminants qui conditionnent l'usage des TIC, mais également les non-usages. Dans une troisième partie, nous opérons un recensement quantitatif des enquêtes existantes afin de faire émerger les thématiques déjà étudiées ainsi que les acteurs concernés. Dans une quatrième partie, nous présentons les spécificités de l'enquête envisagée et dans une dernière partie, nous proposerons un schéma prévisionnel d'enquête."

Ce rapport présente de nombreux tableaux qui aident à la compréhension de fractures numériques dites d'usage et des freins existants à l'utilisation des technologies sur un plan global.

Qui sont les non-usagers des technologies ? Comprendre les non-usages

"Identifier les non-usagers et mieux comprendre les situations de non-usages. Enquête participative à Kérourien (Brest)" par Annabelle Boutet (sociologue - Telecom Bretagne / LUSSI :Logiques des usages, sciences sociales et sciences de l'information - Marsouin) et Jocelyne Trémenbert (statisticienne, chargée d'enquêtes - Marsouin) - 2008

Enquête en ligne - Enquête de 20 pages à télécharger (au format .doc)
"Du printemps 2007 au printemps 2008, nous avons mis en oeuvre une enquête dans un quartier de Brest, le quartier de Kérourien. Kérourien constitue une zone d'habitat social dense où les HLM de l'OPAC prédominent. En outre, c'est un quartier classé en zone urbaine sensible (ZUS).
Cette enquête participative avait pour objectif de récolter des informations sur les limites et les freins à la diffusion des TIC et améliorer les connaissances en matière de profil des non-internautes.
Le second objectif visait à "démocratiser" les outils statistiques en permettant à un groupe d'habitants de participer à l'ensemble du processus d'une enquête par questionnaires.


Cette démarche partait de deux constats intimement liés : d'une part, la difficulté qu'il y a à approcher les non-usagers et à les décrire ; d'autre part, la connaissance des non-usagers se fait essentiellement à travers les enquêtes qui sont menées sur les usagers. Ainsi, plusieurs organismes travaillant sur l'observation et la compréhension de la diffusion des TIC et de la société de l'information ont proposé des typologies visant à mieux caractériser les non-usagers."

Par une démarche orginale de recherche-action de proximité, les deux chercheuses ont pu rencontrer des non-usagers et mieux comprendre quels sont les facteurs de la fracture numérique chez les non-usagers :
  • Tout d'abord, les caractéristiques démographiques, économiques et sociologiques jouent un rôle prééminent.
  • A. Boutet et J. Trémembert mentionnent aussi (et c'est l'un des résultats forts de cette enquête) que l'entourage (parents, amis, voisins) a un poids dans la représentation et l'approche des technologies (informatique, internet) avec une analyse fine et des exemples concrets : "Nous pouvons alors supposer que ces phénomènes domestiques participent à la construction des systèmes de représentation des non-usagers qui peuvent considérer qu'Internet n'est pas fait pour eux, qu'ils ne seront pas capables de...ou enfin qu'ils risquent de dérégler ou de casser quelque chose".
  • Elles soulignent que l'environnement technologique habituel des habitants est un facteur important dans l'adoption des TIC tout  en s'interrogeant sur les "abandonnistes" qui ne sont pas forcément dépourvus d'outils : "D'une part, les personnes se déclarent démunies lorsque l'ordinateur ou la connexion Internet est défaillante. Si elles n'ont personne dans leur entourage pour les dépanner, le recours à des professionnels n'est pas systématique et l'appareil sera délaissé".

A. Boutet et J. Trémembert poursuivent leur analyse en interrogeant les non-usagers dans leur opinion sur Internet avant de s'intéresser à l'accompagnement à proposer à ces personnes :
"Dans une volonté de rendre opérationnels les résultats obtenus, nous avons une meilleure connaissance des attentes en matière d'accompagnement et d'apprentissage. Sans qu'il y ait réellement de surprises, nous pouvons souligner que les attentes des personnes interrogées s'inscrivent dans des configurations qui leur sont familières et liées à leur quotidien : domicile, proches tels que les parents ou les amis."

C'est donc dans le lien social et la proximité géographique que peuvent s'inscrire des actions de lutte contre la fracture numérique. En cela, les EPN inscrivent leur action avec ces deux caractéristiques essentielles.

Tags : animation - fracture-numérique - france

Fracture numérique ou inégalités numériques

Véronique Laurent (chargée de recherche à la Fondation Travail-Université de Namur) nous signale qu'elle vient de cosigner avec sa collègue Périne Brotcorne (équipe du chercheur Gérard Valenduc) un article sur la manière d'aborder le fossé numérique de nos jours, dans l'édition du quotidien Le Soir daté de ce vendredi 29 août 2008 (page 17) ; papier également disponible en ligne : "Une approche multidimensionnelle de la fracture numérique".

Cet article a été publié dans le cadre de l'action "Carte blanche aux jeunes chercheurs". Il est très rare que la Presse nationale belge offre un tel espace d'expression et une "tribune" sur ce thème... Aussi, il est intéressant de consulter sans plus tarder ces paragraphes.

Ce papier offre une vision synthétique d'une approche de la fracture numérique ; extrait :
"Pour comprendre ces clivages grandissants dans les usages des technologies, il faut s'intéresser aux facteurs qui conditionnent leur appropriation et la capacité d'en faire un usage motivé, autonome et efficace. La question des compétences et des connaissances dont disposent les individus pour s'emparer des technologies s'avère centrale à ce propos. En plus d'être techniques, celles-ci recouvrent de nombreuses aptitudes de lecture, d'écriture ou encore d'esprit critique face à l'information. À côté des compétences, d'autres éléments entrent également en ligne de compte : les besoins des citoyens, l'utilité perçue des TIC, l'opportunité d'utiliser la technologie pour occuper une position sociale plus valorisante ou encore la possibilité de compter sur un support social pour utiliser l'outil technologique sont autant de facteurs qui jouent sur l'appropriation et sur l'usage des TIC. L'inclusion numérique est donc un processus social complexe lié à des facteurs tant matériels qu'éducationnels, sociaux, économiques et culturels. La fracture numérique est multidimensionnelle. C'est pourquoi, il semble plus judicieux de parler « des » inégalités numériques plutôt que d'« une » seule fracture numérique."

Les propos étant généralistes, les deux jeunes chercheuses n'évoquent pas le rôle des EPN. Il est toutefois à signaler que Véronique Laurent et Périne Brotcorne travaillent actuellement sur une étude sur la fracture numérique pour le Service Public Fédéral Intégration sociale.

Les EPN de Wallonie et en particulier notre réseau ont été interrogés spécifiquement pour cette recherche lors d'un workshop au Printemps dernier. Les résultats de cette enquête portant sur des recommandations sur la lutte contre la fracture numérique devraient être diffusés sous peu.

Tags : fracture-numérique - média

Fabien Granjon, fracture numérique et approches plurielles

Parmi les chercheurs français travaillant sur la fracture numérique... ou plus exactement les fractures numériques, le nom de Fabien Granjon est invariablement à retenir. S'il est plus connu pour ses écrits sur la militance à l'heure des réseaux dès les années 90, Fabien Granjon (sociologue au sein du laboratoire Sociologie des usages et traitement statistique de l'information Susi de France Télécom Recherche & Développement) a ensuite exploré les fractures numériques avec une vision critique marquée par un rappel de l'historicité du concept tout en dégageant des pistes de réflexion qui ne sont absolument pas des potions magiques mais évoquant des possibles ; une approche raisonnée et plurielle.

A chaque travailleur social, animateur d'EPN, etc. ensuite,  et selon son expérience professionnelle, ses compétences, sa réalité professionnelle et son ressenti d'y trouver quelque intérêt. Donc, ne vous attendez pas à des recettes toutes faites (ce n'est d'ailleurs pas l'objectif de travaux en sociologie) mais une réflexion englobante sans être globalisatrice, bref pour dresser des perspectives ; des articles malheureusement toujours d'actualité :

Ce papier scientifique tient lieu de repère dans la notion de fracture numérique en présentant un panorama des approches du concept : "Les sociologies de la fracture numérique. Premiers jalons critiques pour une revue de la littérature" (Questions de communication, n° 7, Presses Universitaires de Metz, Metz, novembre 2004) :
"Chercher à s'intéresser aux modalités effectives d'usages est sans doute la meilleure manière de cerner au mieux la réalité de « l'internet pour tous », que l'on essaie de nous vendre comme étant un développement naturel du progrès technique et par-là même, selon un schéma causal déterministe, du progrès social."

Ce texte est à poursuivre par la lecture de l'article (en pdf) : "Une approche critique de la fracture numérique. Champ de l'Internet, pratiques télématiques et classes populaires" (Cahier de Recherche, Marsouin, Brest, janvier 2005) où Fabien Granjon se questionne sur la problématique de l'appropriation et des usages de l'Internet. Il déconstruit ainsi des concepts de fracture numérique comme celui-ci, par exemple :
"Disposer des infrastructures, des compétences minimum et construire des répertoires d'usages stables ne sauraient être présentés comme les signes explicites d'un dépassement de la fracture numérique. Car celle-ci ne recouvre pas seulement l'exclusion, le non usage ou la pratique indigente mais étend son spectre jusqu'à la "mal-inclusion", c'est-à-dire le développement d'usages parfois élaborés sur le plan des manipulations mais ne permettant pas pour autant de négocier une position sociale valorisante au sein des univers sociaux fréquentés (des champs mais aussi d'autres sphères d'activités comme la famille). Dans cette perspective, la fracture numérique est d'abord l'expression particulière, dans un champ donné (celui de la production des biens télématiques), de l'existence d'une asymétrie prononcée quant aux positions occupées par les agents dans ce champ. Consécutivement, elle est donc aussi un symptôme révélant une déficience plus ou moins lourde en un certain type de capital (technique), de plus en plus important au sein de nos sociétés technologiquement avancées et concourant au cantonnement des agents les moins bien dotés dans des positions de dominés, quels que soient les univers privilégiés de leurs investissements."

"Comment résorber la fracture numérique ?" (Cahiers français n°314, "La société française et ses fractures", mai-juin 2003. Ed. Documentation Française) :
"La rhétorique du progrès technologique résume les problèmes de formation à ceux d'une alphabétisation informatique, sans même se poser la question des conditions nécessaires de l'acquisition d'un savoir-faire technique, alors que l'appropriation des contenus télématiques soulève la question bien plus vaste du capital social, scolaire ou culturel et en appelle immédiatement une autre, encore plus fondamentale, portant sur les positions sociales et les rapports de production. Car la "fracture numérique" devrait également être considérée "dans son sens le plus large comme la différence qui existe entre usagers dans la [...] capacité de contribuer à la production de connaissances et de sens véhiculée sur internet...""

Enfin, ce document en pdf "De quelques éléments programmatiques pour une sociologie critique des usages sociaux des TIC" (Intervention au sein de la journée d'étude organisée par le LARES-Université de Rennes 2, sous la direction de Smaïl Hadj-Ali : les rapports société-technique du point de vue des sciences de l'homme et de la société, mai 2004) où Fabien Granjon s'interroge en conclusion sur le fossé numérique :
"À l'heure où la "fracture numérique" nous est présentée comme la nouvelle inégalité (caractéristique des sociétés rentrées dans l'ère de "l'information" ou de "la connaissance") qu'il est nécessaire d'endiguer au plus vite sous peine de voir se creuser la "fracture sociale" et où une large part des analyses posées relèvent de « discours officiels » ou bien d'une recherche administrative cadrée par un pragmatisme dont l'impératif opératoire tient lieu de nouveaux critères de scientificité, une des tâches de cette sociologie critique des usages sociaux des TIC serait par exemple de questionner la façon dont les "subjectivités" des usagers travaillent et structurent leurs usages d'Internet ainsi que la manière dont celui-ci déplace leurs modes de "construction de soi" liés à leurs conditions objectives d'existence (la quotidienneté dans sa relation au travail et hors travail). Si, comme sembleraient l'indiquer certains écrits, le réseau des réseaux contribue à l'autonomisation des pratiques sociales dans leur double composante culturelle (e.g. les goûts) et sociabilitaire (variabilité des interactions interindividuelles), les potentialités ouvertes par celui-ci sont-elles pleinement actualisées par tous les utilisateurs ?"

Tags : fracture-numérique - sensibilisation

Technologie et pauvreté

Lu dans la lettre EMERIT de juin 2008 (Expériences de Médiation et d'Evaluation dans la Recherche et l'Innovation Technologique éditée par la FTU), il apparaît que l'inclusion numérique est un processus graduel qui demande à franchir une série de seuils :
  • Le premier seuil consiste à être au courant de ce qui se passe dans l'univers des TIC : de nombreux témoignages expriment combien il est difficile de se représenter ce qu'on peut faire avec les TIC ainsi que de savoir comment les acheter bon marché et comment se faire aider.
  • Le deuxième seuil est de trouver une motivation : vaincre sa peur des TIC, réaliser une envie, tisser du réseau de relations, tout cela contribue à donner un intérêt à faire ses premiers pas dans l'univers numérique.
  • Le troisième seuil concerne les pressions sociales : la pression sociale sur les non-utilisateurs d'Internet est durement ressentie surtout quand elle provient des enfants qui se familiarisent avec les TIC à l'école mais qui n'en disposent pas à la maison. Cette pression se manifeste également dans la relation avec l'administration, les banques, la recherche d'emploi, la publicité, etc...
  • Le quatrième seuil est celui du coût : quand on a de faibles revenus, s'équiper c'est souvent s'endetter. Outre le prix élevé des abonnements Internet, les ménages pauvres sont sensibles aux nombreux coûts cachés des TIC : consommables, réparations, sécurité, etc...
  • Le cinquième seuil est celui de la complexité des TIC : les milieux pauvres combinent plusieurs handicaps : un faible niveau de scolarité, un illetrisme important et une expérience négative des formes traditionnelles d'enseignement et de formation.

Il est donc nécessaire d'axer notre démarche dans la lutte contre la fracture numérique sur l'aide à l'acquisition matérielle des TIC, à repenser notre enseignement en palliant les déficits de compétences de base (notamment la lecture) et en allégant la pression sociale en leur facilitant l'accès aux différents services (administratifs et autres).

Tags : fracture-numérique - intégration-sociale - public précarisé

Dossier fracture numérique et fracture territoriale

Dans le cadre du développement de Ludigo ("un système de cartographie comportementale dynamique qui accompagne le déplacement du marcheur dans un territoire donné"), l'entreprise française Le Hub propose nouvellement un dossier sur la réalité et le devenir de la lutte contre la fracture numérique sous un prisme avant tout géographique : "Fracture territoriale, fracture numérique : Enjeux et perspectives pour les métropoles contemporaines" présentant plusieurs articles pour réfléchir, agir concrètement, identifier et connaître des projets en cours qui visent à ce que l'exclusion numérique ne soit pas une fatalité. En complément, on trouvera une bibliographie sommaire. Ces pages mêlent les propos de chercheurs de référence, de praticiens (dont des EPN) et d'un élu (Michel Briand, Brest).

Une sélection d'articles de ce dossier qui ont éveillé notre intérêt :

Introduction du dossier par Antoine Cochain : Tour d'horizon des enjeux et perspectives que recouvre aujourd'hui cette "fracture numérique",

"De la notion de fracture numérique à celle de trajectoires numériques" par les chercheurs Alain Rallet et FabriceRochelandet : Un essai de définition de la fracture numérique sous un angle volontairement économique. Les deux auteurs établissent un état des lieux à partir de la littérature scientifique puis ils examinent les problèmes posés selon l'échelle géographique considérée,

"Dualité du territoire urbain sous l'angle de l'accès aux TIC. Fiche de lecture de l'ouvrage de Mark Reinhard" par Antoine Cochain. La fracture numérique vu sous l'angle de la dimension territoriale des inégalités entre celles et ceux qui ont les moyens d'une intégration via le monde des TIC d'une part, celles et ceux qui ne l'ont pas de l'autre. Existe-t-il des liens de causalité entre intégration ou exclusion "numériques" et intégration ou exclusion sociale ?

"La ville et l'appropriation sociale des cultures numériques. Eléments d'une politique publique ouverte et en réseau" par Michel Briand, Elu à Brest : "Assez loin d'un projet emblématique de ville numérique, Brest a fait le choix d'un travail en réseau qui cherche à impliquer les acteurs de la cité dans l'accompagnement des usages. Cet article présente quelques champs possibles de l'intervention publique et une démarche coopérative, qui permet un apprentissage en marchant." Il est notamment évoqué les actions locales sur la thématique de l'accès public à l'Internet,

"Réduire la fracture numérique par la pratique artistique. Entretien avec Vincent Guimas : l'expérience de l'ECM Ars Longa  à Paris" : la question des usages et modes d'appropriation des nouveaux médias et les projets créatifs de cet EPN parisien,

"Les enjeux de l'égal accès aux TIC. L'implication des citoyens dans la co-construction de leur ville" par Antoine Cochain. L'évolution des systèmes politiques nés de la seconde guerre mondiale montre une forte tendance à l'érosion des Etats providence. Les villes ont été bâties en partie autour de services publics, facteurs de cohésion territoriale. L'accès de tous se concrétise dans la nécessité de ne pas laisser se développer une "ville duale". Analyse des enjeux d'un égal accès de tous aux nouvelles technologies.

Tags : commune - culture - EPN - fracture-numérique - france - livre - public précarisé - sensibilisation

News plus récentesNews plus anciennes