Sur son site Internet,
MARSOUIN (Môle Armoricain de Recherche sur la SOciété de l'information et des Usages d'INternet - des chercheurs bretons dans différentes disciplines) publie deux travaux de recherche sur la fracture numérique attendus depuis quelques semaines et qui envisagent sous un angle renouvelé, les non-usages de l'internet de l'informatique ou une "précarité" de l'utilisatio .
Usages des technologies par les citoyens fragilisés
"Les déterminants d'usage des TIC par les citoyens fragilisés au sein de leur lieu de vie" par Myriam Le Goff-Pronost, (département LUSSI, GET / Telecom Bretagne) et Jocelyne Trémembert (Marsouin, OPSIS) - Mars 2008
Article introductif -
Rapport de 100 pages à télécharger (au format .pdf)
"Ce travail fait suite à un appel à projet lancé en juin 2007 par le Conseil Général des Technologies de l'Information du ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie sur "la réalisation d'un recensement et d'une analyse globale d'études effectuées sur l'emploi des nouvelles technologies de l'information et de la communication par les patients dans leur lieu de vie"
Ainsi, dans une première partie du rapport, nous présentons la démarche méthodologique adoptée. Dans une seconde partie, nous identifierons les déterminants qui conditionnent l'usage des TIC, mais également les non-usages. Dans une troisième partie, nous opérons un recensement quantitatif des enquêtes existantes afin de faire émerger les thématiques déjà étudiées ainsi que les acteurs concernés. Dans une quatrième partie, nous présentons les spécificités de l'enquête envisagée et dans une dernière partie, nous proposerons un schéma prévisionnel d'enquête."
Ce rapport présente de nombreux tableaux qui aident à la compréhension de fractures numériques dites d'usage et des freins existants à l'utilisation des technologies sur un plan global.
Qui sont les non-usagers des technologies ? Comprendre les non-usages
"Identifier les non-usagers et mieux comprendre les situations de non-usages. Enquête participative à Kérourien (Brest)" par Annabelle Boutet (sociologue - Telecom Bretagne / LUSSI :Logiques des usages, sciences sociales et sciences de l'information - Marsouin) et Jocelyne Trémenbert (statisticienne, chargée d'enquêtes - Marsouin) - 2008
Enquête en ligne -
Enquête de 20 pages à télécharger (au format .doc)
"Du printemps 2007 au printemps 2008, nous avons mis en oeuvre une enquête dans un quartier de Brest, le quartier de Kérourien. Kérourien constitue une zone d'habitat social dense où les HLM de l'OPAC prédominent. En outre, c'est un quartier classé en zone urbaine sensible (ZUS).
Cette enquête participative avait pour objectif de récolter des informations sur les limites et les freins à la diffusion des TIC et améliorer les connaissances en matière de profil des non-internautes.
Le second objectif visait à "démocratiser" les outils statistiques en permettant à un groupe d'habitants de participer à l'ensemble du processus d'une enquête par questionnaires.
Cette démarche partait de deux constats intimement liés : d'une part, la difficulté qu'il y a à approcher les non-usagers et à les décrire ; d'autre part, la connaissance des non-usagers se fait essentiellement à travers les enquêtes qui sont menées sur les usagers. Ainsi, plusieurs organismes travaillant sur l'observation et la compréhension de la diffusion des TIC et de la société de l'information ont proposé des typologies visant à mieux caractériser les non-usagers."
Par une démarche orginale de recherche-action de proximité, les deux chercheuses ont pu rencontrer des non-usagers et mieux comprendre quels sont les facteurs de la fracture numérique chez les non-usagers :
- Tout d'abord, les caractéristiques démographiques, économiques et sociologiques jouent un rôle prééminent.
- A. Boutet et J. Trémembert mentionnent aussi (et c'est l'un des résultats forts de cette enquête) que l'entourage (parents, amis, voisins) a un poids dans la représentation et l'approche des technologies (informatique, internet) avec une analyse fine et des exemples concrets : "Nous pouvons alors supposer que ces phénomènes domestiques participent à la construction des systèmes de représentation des non-usagers qui peuvent considérer qu'Internet n'est pas fait pour eux, qu'ils ne seront pas capables de...ou enfin qu'ils risquent de dérégler ou de casser quelque chose".
- Elles soulignent que l'environnement technologique habituel des habitants est un facteur important dans l'adoption des TIC tout en s'interrogeant sur les "abandonnistes" qui ne sont pas forcément dépourvus d'outils : "D'une part, les personnes se déclarent démunies lorsque l'ordinateur ou la connexion Internet est défaillante. Si elles n'ont personne dans leur entourage pour les dépanner, le recours à des professionnels n'est pas systématique et l'appareil sera délaissé".
A. Boutet et J. Trémembert poursuivent leur analyse en interrogeant les non-usagers dans leur opinion sur Internet avant de s'intéresser à l'accompagnement à proposer à ces personnes :
"Dans une volonté de rendre opérationnels les résultats obtenus, nous avons une meilleure connaissance des attentes en matière d'accompagnement et d'apprentissage. Sans qu'il y ait réellement de surprises, nous pouvons souligner que les attentes des personnes interrogées s'inscrivent dans des configurations qui leur sont familières et liées à leur quotidien : domicile, proches tels que les parents ou les amis."
C'est donc dans le lien social et la proximité géographique que peuvent s'inscrire des actions de lutte contre la fracture numérique. En cela, les EPN inscrivent leur action avec ces deux caractéristiques essentielles.