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De la nécessité du Web culturel dans les EPN

Et si on partait du principe qu'on a tous besoin de créativité ? Outils d'accès à la culture par excellence, les Espaces Publics Numériques,  sont des lieux propices à la mise en place d'ateliers de création et d'expression artistiques. Pourtant, organiser de tels ateliers  soulève bien des questions : quelle légitimité ? quelles compétences ? quels contenus ? quels outils ?



C'est déjà au nom du «culturel» que certains EPN développent des pratiques ludiques, éducatives, culturelles et artistiques comme moyens d'ouverture sur la société d'aujourd'hui, afin de donner aux usagers les moyens de décrypter le monde contemporain.

Il ne s'agit pas de transformer toutes les structures en laboratoires de création numérique, certains espaces dédiés le font déjà très bien. Il s'agit plutôt de susciter un  désir de culture pour aller plus loin. La culture ne doit pas être un privilège, mais un droit. Et, à travers des ateliers de créations multimédia, c'est une excellente accroche auprès des publics qui s'opère.

Comment transmettre la culture numérique ?

Aujourd'hui, les arts plastiques et l'histoire de l'art sont enseignés à l'école, mais la culture numérique peine à s'y faire une place car elle est liée à la technique et induit des difficultés supplémentaires d'apprentissage. C'est pourquoi dans les EPN les animateurs réfléchissent à l'appropriation de l'art et des technologies par le grand public. Certains EPN essaient donc par différents ateliers, par différentes techniques d'animation, d'amener les usagers à apprécier l'art et plus particulièrement l'art numérique. Ils explorent les différentes dimensions culturelles qu'impliquent Internet et l'éducation au multimédia. Il y a là une vraie gageure et un travail passionnant à faire dans ce domaine.

Pour cela, plusieurs étapes d'apprentissage permettent d'associer culture et numérique :

1. Informer sur le web culturel : c'est-à-dire tout ce qu'il est possible de faire sur Internet en matière d'usages culturels : écouter de la musique, visiter une exposition en ligne, lire, jouer... Le rôle de l'EPN est de trouver et d'exploiter des ressources en ligne dans les domaines des arts plastiques, de l'histoire de l'art, du théâtre, de la danse, de la musique, du cinéma... L'apprentissage ici est un parcours-découverte accompagné de démonstrations pratiques, simples et intuitives. Le public expérimente, à partir de ses centres d'intérêts, la culture en ligne. A chacun son expérience et de cette expérience découle une culture... Cela va d'un concert de rock à une visite d'exposition en passant par la lecture de poésie... Chacun y prend son plaisir et faire vivre des émotions. Hélas, cet éventail reste encore trop souvent confiné dans une attitude de simple consommation (réserver ses places de théâtre, organiser son week-end à Bruges...) et il est plus difficile d'atteindre la seconde étape qui passe des pratiques culturelles aux pratiques artistiques.

2. Faire découvrir l'art numérique


Lors d'ateliers dédiés à cette thématique, une des questions qu'on entend le plus souvent reste : « Mais ça sert à quoi ? ».  Les réponses sont multiples : à vivre des expériences d'appréciation d'oeuvres d'art, à découvrir des univers artistiques, à explorer des interfaces surprenantes, à s'émerveiller tout simplement. Ces temps de navigation ne sont pas superflus car le public devient spectateur, s'approprie l'univers d'un artiste et décrypte le monde, son monde. Ils se  retrouvent associés à des temps de réflexion qui soulèvent d'autres questions : sommes-nous identiques devant un écran autant que devant un tableau ou une sculpture ? quelle différence entre une oeuvre originale et une image virtuelle ? quelles réactions émotives ou esthétiques ces oeuvres provoquent en moi ? Et pourquoi ? De  plus en plus d'organismes culturels mettent à disposition des collections numérisées avec des contenus et la possibilité de les réutiliser. Passons alors à la création.

3. Créer avec les outils technologiques

Il s'agit  ici de mettre en place des activités d'initiation à la technologie. Les ateliers de PAO, de MAO, d'infographie, de photographie numérique permettent d'expérimenter, de développer et d'encourager l'utilisation des technologies comme outils de création et d'expression artistiques. L'usager va apprendre des outils techniques (audacity, gimp, nvu...) pour passer ensuite à l'expression de son propre univers en inventant des formes, en fabriquant des images, des textes, des sons... La création apparaît comme « déclencheur » de l'apprentissage des TIC et comme développement de multiples compétences dans ce domaine. Une fois sensibilisé à la pratique du multimédia, le public peut alors s'inscrire dans une démarche artistique.

4. Elaborer un projet artistique

L'EPN qui souhaite aller plus loin et emmener son public au coeur du processus de création doit travailler avec des artistes. Ces projets nécessitent plus de temps, et souvent des moyens supplémentaires. La structure qui s'inscrit dans cette démarche particulière permet alors aux usagers de participer à un projet artistique collaboratif abouti mais aussi de mettre en oeuvre leur propre pensée créatrice. Sur un temps donné, ils vont produire et créer des oeuvres hybrides : site, installation, livre, fresque...  nées d'imaginaires multiples, accompagnés par un artiste professionnel qui contribue à la qualité de la démarche.

Des formations

Pour accompagner les EPN, Technofutur propose un cycle de formations dont l'objectif est de susciter des échanges d'expériences et de réflexions communes sur la mise en place d'ateliers autour du Web culturel.  Du haïku numérique à la création de podcasts en passant par l'image, de nombreuses activités culturelles et artistiques, visant un public d'enfants, d'adolescents ou d'adultes sont facilement mises en place. Ces formations permettent de les découvrir en analysant la démarche éducative et pédagogique autour des TIC.

Des perspectives...

Aujourd'hui, il s'agit d'aller plus loin dans cette réflexion avec les EPN, de valoriser les pratiques existantes comme les très beaux exemples qui nous sont fournis par les EPN d'Huy, de Lessines, de Malmedy, de Mons, de Momignies, de Péruwelz, d'Yvoir et bien d'autres encore. Reprenons la citation de Marcel Duchamp : « l'artiste n'est pas seul à accomplir l'acte de création... » C'est le collectif ici qui est en jeu, alors mutualisons, partageons nos expériences pour avancer ensemble sur l'évolution des pratiques culturelles et artistiques dans nos structures. Affaire à suivre...

Veille de la semaine

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EPN de Péruwelz: un programme d'activités et des exercices en ligne pensés pour les débutants

logo de l'EPN de PeruwelzLe personnel de l'EPN de Péruwelz offre en une de son site une belle définition de ce qu'est cet espace public numérique : « Lieu de culture, d'information, de formation et espace de rencontres entre des catégories socio-professionnelles, populations et générations différentes, l'Epn  se veut être un lieu convivial d'apprentissage des nouvelles technologies. »

Depuis plusieurs années, ce lieu d'accès public accompagné à Internet initie à l'informatique et à l'Internet les citoyens de cette commune à la frontière avec la France avec une offre coordonnée par Valérie et Sandra, les deux animatrices de cet EPN qui sait évoluer avec le temps.

Un programme d'activités renouvelé

Signe de ce dynamisme : un programme d'ateliers renouvelé très régulièrement, tenant compte de l'évolution des demandes/besoins et des pratiques liées à la technologie.

Force également de cet EPN : la communication et des activités dont les intitulés sont simples à comprendre, évocateurs et invitent les habitants de la commune et des villes et villages alentours à passer la porte de la bibliothèque pour découvrir le lieu EPN et ce qui s'y passe : Internet et moi : plus de secrets ; Petit lexique des termes techniques ; Goûte à mon histoire (devenir co-auteur d'un livre personnalisé) ; la magie de la retouche photo ; les achats sur le web... En tenant compte de 4 niveaux.

Des exercices en ligne pour les débutants

Pour le niveau 1 (« vous n'avez jamais mis les mains sur un ordinateur ou vous savez à peine utiliser le clavier et la souris »), l'EPN de Péruwelz a eu la très bonne idée d'intégrer des exercices « maison » directement sur le site du lieu d'accès (« des exercices pour vous entraîner à manipuler le clavier et la souris« ).

  • Un exercice clavier consistant à retranscrire au clavier les mots et chiffres inscrits avec un score d'évaluation en cliquant sur « Vérifier »,
  • Un exercice souris : « Le but de cet exercice est de vous entraîner à manipuler correctement la souris ! Pour cela, vous devez tout simplement cliquer sur les chiffres et ce jusque 20.... Bon courage ! ;-)  »

Deux exercices bien conçus pour exercer sa dextérité.

Article provenant du site Netpublic posté par JL Raymond sous CC


Tags : EPN

Veille de la semaine


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Les réseaux sociaux sur le Net et les jeunes défavorisés

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Les TIC et plus particulièrement les réseaux sociaux (Facebook, Netlog, MySpace, etc...) peuvent-ils constituer des outils dans le travail social en faveur des jeunes défavorisés ?
Quels sont les défis que les organisations qui s'adressent à ces jeunes doivent relever si elles veulent utiliser l'engouement des jeunes pour les TIC dans le but de les sortir de l'exclusion sociale ?

Ces questions, on les retrouve à la une de la Lettre Emerit N°63 de Septembre 2010 et à l'ordre du jour d'une conférence qui s'est tenue à Leuven en septembre 2010 : "Social media for social inclusion of youth at risk".

Selon une recherche récente de la FTU sur les jeunes et le fracture numérique, les jeunes défavorisés sont souvent familiarisés d'une manière ou d une autre avec Internet qu'ils soient en décrochage scolaire, de logement, en conflit familial, en difficultés psychologiques, etc... Toutefois, ils sont rarement en situation d'en faire un usage régulier, ils ne franchissent que rarement le fossé qui les sépare de l'usage ludique à celui qui pourrait améliorer leur situation.

Cinq projets transnationaux ont été soutenus par la Commission européenne dans le cadre du programme ICT. Parmi ceux-ci, le projet Incluso qui vise à tester l'utilisation d'un logiciel de mise en réseau dans diverses associations qui aident les jeunes en difficulté sociale ou psychologique afin de faciliter le dialogue avec les travailleurs sociaux et de favoriser l'insertion des jeunes dans la société. Des ressources sont à disposition sur le site.

D'autres projets sont également soutenus comme le projet ComeIN qui consiste à transposer sur des téléphones mobiles de dernière génération le principe des communautés en ligne d'Internet. L'utilisation des plateformes mobiles permet de retisser un lien social chez les jeunes et de favoriser chez eux un comportement d'apprentissage, préalable à leur réinsertion.

Le projet Hands s'adresse lui à des jeunes autistes et vide à développer des outils multimédia persuasifs pur les aider à affronter les situations de la vie quotidienne. Il s'appuie aussi sur des technologies mobiles et utilise des représentations symboliques adaptées aux troubles de l'autisme. Cela permet ainsi de développer des environnements virtuels qui sécurisent les adolescents en leur donnant des repères face aux difficultés quotidiennes.

Le projet Replay concerne des jeunes marginalisés à cause de comportements anti-sociaux (violence, vandalisme, ...). Il s'agit d'un univers virtuel en ligne qui simule des situations problématiques et incite les jeunes les jeunes à s'écarter des comportements anti-sociaux.

Le projet Umsic s'adresse à des enfants de 3 à 12 ans victimes de troubles du langage, de l'apprentissage ou de l'émotion, ou porteurs de déficiences neurologiques. partant des vertus thérapeutiques reconnues de l'apprentissage de la musique, le projet exploite les nouvelles possibilités des plateformes de musique électronique pour enrichir la communication de ces enfants, favorisant ainsi la communication, la créativité et leurs compétences sociales.

Ces projets ont la caractéristique commune de cibler des groupes de jeunes en difficulté tout en exploitant les outils interactifs du Web 2.0. Leur conception associe étroitement des experts TIC, des travailleurs sociaux et des chercheurs en sciences sociales et humaines.
Il apparait ainsi que les réseaux sociaux sur Internet ont la capacité de développer et capitaliser des liens avec des personnes au-delà du réseau dit habituel mais dont on retire des avantages pour accéder à de nouvelles informations. C'est précisément de cela dont les jeunes défavorisés ou marginalisés ont besoin pour dépasser les frontières de leur groupe de référence et sortir ainsi de leur situation d'exclusion.

(D'après la Lettre EMERIT N°63 Septembre 2010 - FTU Namur)


Tags : étude - europe - jeune - web-2.0

Les slides de la conférence "Le livre soluble dans le net"

Vous étiez plus de 200 à assister à la conférence sur le livre soluble dans le net et nous vous en remercions ! La première partie de la matinée a été animée par la présentation des nouvelles formes d'écriture avec Nathalie Caclard, Olivier Lefèvre, Chloé Girard, Fabienne Goudmant et Benoit Dupont. Vous êtes de plus en plus nombreux à partager vos écrits sur le net par le biais de forums, blogs, communautés de partage où vous dénicherez votre prochaine lecture. On voit apparaitre des ateliers d'écriture collaborative, des espaces de créativité, des fanfictions où vous réinventez l'histoire de vos personnages favoris, des lectures interactives qui changent au fur et à mesure de vos clics, des micro séries sur Facebook. Nous vous avions promis les slides, les voici : En seconde partie de matinée, Olivier Lefèvre, Mathieu Pasquini, Alain Esterzon, Benoit Dupont, Damien Panerai ont soulevé des questions sensibles autour de l'auto-édition, des droits numériques et le statut de l'auteur aujourd'hui. Suivi d'une lecture oulipienne par Frédéric Forte et Valérie Beaudouin. L'après midi s'est déroulée autour des nouveaux modèles économiques de l'édition : Nouveaux modèles économiques de l'édition
Et la place des nouveaux lecteurs, co-acteurs et prescripteurs : Les réseaux sociaux dans l'industrie du livre Ainsi qu'un pdf que nous distribuions à l'entrée sur "les modèles économiques d'un marché naissant : le livre numérique" proposé par le magazine culture et prospective

(Via l'article de Louise Maton)

Tags : conférence - livre

Veille de la semaine


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Guide d'intégration avec les TIC pour enfants handicapés en milieu scolaire

handicap_logoHandimobility, le site d'information indépendante de tous les handicaps, met à disposition un guide Intitulé "Intégration d'enfants handicapés en milieu scolaire - Méthodes, conseils et moyens ", ce guide PDF de 19 pages que vous pourrez retrouver en téléchargement à la fin de cet article est du à la plume de Julien Torrent Informaticien de gestion HES & Psychologue Conseiller en accès ergonomique à l'ordinateur.
Ce document définit, démontre et propose différentes possibilités d'utilisation de l'outil informatique pour encourager et faciliter la scolarisation de personnes en situations de handicap.
Les méthodes présentées peuvent être adaptées sur des logiciels équivalents. Il est en effet assez rare, en informatique, que des fonctionnalités natives disparaissent dans les versions postérieures, ce qui devrait tout de même donner une certaine pérennité aux techniques proposées dans ce document.
Ce document présente des solutions concrètes dans des domaines tels que la numérisation de documents scolaires, l'aide à la notation, la lecture assistée par voix de synthèse de documents numériques etc...

(Via Philippe Steinier et le Forum d'Handimobility)

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Tags : guide - handicap - TIC

Découvrez la BD ANIS/Ordi 2.0 consacrée au réemploi de matériel informatique !

logo-ordi20Dans le cadre de ses missions d'animation du dispositif Ordi 2.0 en Régions Nord-Pas de Calais / Picardie, ANIS s'est associée durant l'été 2010 avec une illustratrice professionnelle (Mlle Jeanne JOSEPH) pour réaliser une Bande-Dessinée sur le thème du Réemploi de matériel informatique.

L'objectif de ce support, composé d'une page de couverture et de 10 illustrations titrées, est de faire comprendre de manière simple, ludique et pédagogique les grandes étapes du cycle de vie d'un ordinateur.

Cette Bande-Dessinée met ainsi en scène les différents acteurs de la filière du réemploi : le commerçant, le premier acheteur, le reconditionner et son équipe, les bénéficiaires du matériel reconditionné, le recycleur (assurant la fin de vie du matériel).

Sous licence Creative Commons, ces illustrations sont disponibles ci-dessous : Galerie de vignettes au format jpg, et support intégral téléchargeable au format pdf.

Cette Bande-Dessinée peut être utilisée par tout acteur désirant mettre en oeuvre des actions d'information et de sensibilisation sur le thème du réemploi, en direction de publics (jeunes par exemple). Elle sera particulièrement appréciée des Centres de loisirs, des Centres sociaux, des Espaces Publics Numériques, des enseignants, etc.

Lien : BD ANIS - Ordi 2.0 - "Je réemploie, et toi ?"

(Via le site d'Ordi 2.0)


Tags : développement-durable

Utiliser les réseaux sociaux du Web pour enseigner ?

D'après un article de Marie Meurisse du 10 septembre 2010 paru dans Le Temps

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Utiliser les réseaux sociaux du Web pour enseigner? Demander aux élèves de faire leurs devoirs sur Twitter? De Paris à Sierre, les enseignants lancent des idées inédites. Horizons

Quand Laurence Juin donne des consignes à ses élèves, elle envoie un message instantané via le réseau Twitter. «Rédigez un tweet présentant votre futur lieu de stage». «Je serai au service logistique d'une industrie», répond immédiatement l'un d'entre eux sur le «mur» virtuel de la classe. Au lycée professionnel de Pierre Doriole (La Rochelle, France), la rentrée scolaire ne respire pas seulement les cahiers et crayons. Le savoir s'y transmet aussi par ordinateur, sur les réseaux sociaux.

«Au début, j'étais amie sur Facebook avec mes élèves, explique Laurence Juin, 36 ans, qui enseigne le français, l'histoire-géographie et l'éducation civique. Mais cela mélangeait trop ma vie privée avec ma vie professionnelle. Et quand mes élèves ont compris que je voyais leurs photos de soirées arrosées, ils m'ont supprimée de leur liste... Comme j'utilisais moi-même Twitter, je les ai alors fait travailler dessus. Depuis l'année dernière, c'est un vrai succès!»

En classe, ces apprentis maturistes commentent textes et images par petites phrases, en 140 signes, selon le principe du fameux site de micro-blogging. À la maison, ils débattent en ligne avec leurs camarades d'une émission télévisée ou d'un livre. Même s'ils respectent une charte d'utilisation très stricte, ces adolescents sont conquis par la modernité de la méthode. «Nous faisons un travail collaboratif et mutualisé, ajoute leur professeur. Ainsi, ils deviennent acteurs et non pas consommateurs du cours».

Pionnière, Laurence Juin a interpellé et fasciné le monde enseignant. Son approche est-elle démagogique? Anecdotique? Ou médiatique? Pourtant, d'autres expériences du même type se rapprochent de sa sympathique communauté Twitter. En France toujours, à Lyon, le professeur de gestion Jean-Paul Moiraud a développé un blog participatif avec ses étudiants. À Lille, François Jourde enseigne la philosophie sur Twitter. Sur le même principe, d'autres pédagogues privilégient sites ou blogs.

Il existe peu d'études sur le sujet. Et les rares spécialistes sont loin de crier au scandale. Audrey Guilbaud-Varachaud, professeur à Bayonne, mène par exemple une étude sur ce type de pédagogie. «Les élèves jouent le jeu et sont demandeurs. L'apprentissage des dates en histoire devient ludique, mais tout aussi efficace. La publication numérique permet en outre de mettre en valeur leur travail». «En passant par l'écrit, les élèves améliorent leur mode d'expression. Ce qu'ils mettent en ligne est entièrement public, ils réfléchissent donc également à leur identité virtuelle et à leur vie privée. Et puis inconsciemment, cette réflexion collective renforce la cohésion, crée une identité de classe et d'établissement. Comme du team building!», approuve Julien Llanas qui est, à Créteil, chargé de mission sur l'utilisation des nouvelles technologies dans l'éducation.

En Suisse romande, Lyonel Kaufmann sera le premier à adopter Twitter dans un cadre scolaire. D'ici début 2011, ce professeur d'histoire à la Haute école pédagogique du canton de Vaud fera travailler ses élèves sur le site. Son modèle? Le projet mis en place l'année dernière à l'université de l'Utah (Etats-Unis). «En 48 heures, onze étudiants ont reconstitué sur Twitter la bataille de Gettysburg, dit-il. Chacun devait endosser le rôle d'un des personnages, dont celui de Lincoln. Pour cela, ils ont dû reconstruire les faits, trouver des informations et les synthétiser... Très intéressant! Avec des collègues, nous allons donc développer un nouveau scénario en français».

Lyonel Kaufmann, blogueur émérite et fan des nouvelles technologies, est l'un des rares Suisses à faire entrer, pour l'instant, les réseaux sociaux sur les bancs de l'école. Jacques Daniélou, président de la société pédagogique vaudoise: «Il y a une méfiance généralisée sur cette question. Certains collègues ont été la cible d'injures publiées sur des blogs d'élèves. D'autres ont accepté leurs étudiants comme amis sur Facebook et s'en sont mordu les doigts. Parfois, il y a un mélange des genres un peu regrettable. Malgré cela, ce n'est pas une raison pour tout diaboliser.»

«Je crois que de nombreux professeurs craignent ce qu'ils ne connaissent pas», note François Flückiger, enseignant détaché au Centre de ressources interjurassien. «Il faut que l'école s'intéresse à Facebook afin de prévenir les dérapages et éduquer les élèves. Ceux qui s'y refusent peuvent utiliser educanet, un outil communautaire gratuit et moins risqué que les réseaux sociaux classiques».

En Suisse, nombre de professeurs optent pour cette alternative. Ou pour de simples blogs ainsi que des wikis - des sites modifiables par tous les utilisateurs. François Lombard, chargé d'enseignement en biologie auprès des professeurs du secondaire à Genève, utilise ces wikis depuis plus de sept ans. «Mes élèves vont chercher et trier des informations, qu'ils mettent ensuite dans le wiki pour nous les faire partager. Ils produisent leur propre savoir! Cela remet totalement en question le rapport maître-élèves. Celui qui enseigne n'a pas la science infuse, puisque les étudiants eux-mêmes sont porteurs de compétences et d'idées. 90% de ce qu'ils apprennent ne vient pas de moi».

Bel horizon. Les professeurs engagés sur ces voies insistent tout de même sur le fait que ce genre de dispositif suppose de cadrer rigoureusement les élèves (souvent au moyen d'une charte) et d'être souvent disponible, y compris le soir, pour corriger les fautes, donner les instructions, rappeler à l'ordre et vérifier le contenu du blog. La «pédagogie embarquée», comme les spécialistes l'appellent, dépend de l'engagement bénévole de l'enseignant...

Car les enseignants, eux aussi, ont une vie privée. Et s'ils n'utilisent pas Facebook en classe, ils s'en servent souvent pour garder contact avec leurs anciens élèves. Pascal Rey, enseignant de troisième primaire à Sierre, refuse les demandes d'amitié virtuelle de ses élèves de dix ans. Par contre, il est ravi de garder contact avec les enfants qu'il a connus il y a dix ou vingt ans. «En tant qu'enseignant, je me préoccupe de l'avenir de tous mes élèves. Sans Facebook, je les aurais perdus de vue. Alors que là, j'ai retrouvé ceux des anciennes volées avec beaucoup de bonheur. Je sais quel diplôme ils ont, où ils vivent... Comme on dit: loin des yeux, près du coeur».


Tags : enfant - enseignement - réseaux sociaux - Twitter

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