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Rewics 2012 : de l'animation multimédia à la médiation numérique (1)

EPN-Wallonie - logo« C'est un peu paradoxal » explique Eric Blanchart, côte à côté avec Philippe Cazeneuve et Loïc Gervais lors des ateliers Rewics 2012, « alors que l'on s'approche de la reconnaissance du métier d'animateur multimédia, au moment où celui-ci devrait être intégré dans les barèmes communaux, on s'aperçoit que le métier a évolué. Même le terme apparaît comme un peu dépassé. On entend de plus en plus parler de médiation numérique ». Ce n'est pas qu'une question de vocabulaire. Pour Philippe Cazeneuve, Sociologue, Consultant-formateur, « On est bien face à un nouveau paradigme. « A l'origine des EPN, il y a le concept de fracture numérique. Aujourd'hui, la principale disparité dans l'usage des TIC, celle qui diminue le moins, c'est l'âge, avant les disparités culturelles et sociales. A l'époque, l'indicateur de la fracture numérique était la connexion : en France, 84% des foyers n'avaient pas accès à Internet. Maintenant, 75% des foyers sont reliés. Or, le discours des EPN n'a pas changé. On a sacrifié la notion d'accompagnement aux usages à la connectivité ».

Une polarisation des usages
« Or aujourd'hui, ce qui est discriminant, ce sont les fréquences et les types d'usages. On se trouve devant deux groupes extrêmes très importants : ceux qui n'utilisent jamais Internet (30% en France) et ceux qui y ont recours au quotidien (53%). Les écarts dans les typologies d'usage vont en se renforçant : c'est en Belgique ce que la FTU appelle la fracture numérique du second degré. Voilà pourquoi il est nécessaire de passer du concept d'animation multimédia à celui de médiation numérique. »

Domestiquer les TIC
Pour Philippe Cazeneuve, la médiation numérique, c'est accompagner des publics variés vers l'autonomie, dans les usages quotidiens des technologies, services et médias numériques. « Le job, c'est d'aider le public à domestiquer les TIC, à les faire rentrer dans ses pratiques de tous les jours. Le médiateur numérique n'est pas un vendeur. Ce n'est ni un ingénieur, ni un évangélisateur. C'est un facilitateur, qui pourra être actif sur différents axes. L'équité des accès bien sûr, mais aussi pourquoi pas la compétitivité et l'innovation dans l'accompagnement des TPE, des artisans et des artistes. Ou dans le développement de la solidarité locale comme en Angleterre où certains bénévoles accompagnent leurs proches pour les initier aux TIC. Mais aussi et peut être surtout, ne faut-il pas imaginer les EPN comme l'interface de référence entre le citoyen et une administration délivrant des services de plus en plus électroniques. ? Le médiateur ne doit-il pas devenir celui qui met le doigt sur les difficultés d'usage des e-services et sur les lacunes en la matière, celui qui va pouvoir aider l'usager et l'administration à co-construire de nouveaux services publics ? » Un bel enjeu, en effet...


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Rewics 2012 : de l'animation multimédia à la médiation numérique (2)

Loïc Gervais, coordinateur des EPN de Thonon : « Il y a quelques années, je me définissais comme un animateur multimédia. Aujourd'hui, Je dis que je suis un médiateur numérique. La première raison de ce changement de terminologie, c'est la reconnaissance professionnelle. Lorsque j'allais sur les sites d'offre d'emploi et que je tapais « animateur multimédia », tout ce que je trouvais, c'était des offres de commercial pour vendre des mobiles dans les grandes surfaces ! Et lorsque je disais : « Mon métier, c'est d'aider les gens à s'approprier les TIC, on me répondait : « Ah, bon, tu es formateur ». Et bien non. Mon métier, au quotidien, c'est de donner quelques clés pour entrer dans l'univers numérique d'aujourd'hui. En France, on va bientôt pouvoir payer ses impôts avec son Smartphone. C'est très bien. Sauf qu'il n'y en a que 15 millions et que de très nombreuses personnes ne savent même pas ce que c'est. A l'école, les apprentissages numériques des enseignants sont loin d'être performants. Mais les EPN n'ont pas le droit d'y entrer ! Du coup, ce sont des sociétés privées qui s'en occupent. Personnellement, cela me dérange, d'autant qu'il y a souvent une question de compétences des formateurs. Et pas qu'à l'école d'ailleurs. C'est aussi le cas en formation professionnelle. Je me souviens d'un formateur qui cherchait la fonction « Souligner » dans un traitement de texte. Or il était en train de former des demandeurs d'emploi ! On se trouve ainsi devant différents acteurs qui font de la formation-sensibilisation, qui essaient de développer une culture numérique mais qui, finalement, ne sont eux-mêmes pas assez formés. Je pense que combler cette lacune relève de la responsabilité des EPN. »

Le métier des EPN a changé
« Il est très important de faire comprendre que notre métier, ce n'est pas que du clic souris. Notre univers a changé. Nous n'avons pas que des compétences technologiques et pédagogiques. Lorsque l'on évoque la Nétiquette, on touche au droit. Lorsque l'on aborde le téléchargement illégal, on touche à la sensibilisation à la loi. Nous sommes vraiment dans l'espace sociétal. Le Web 2.0 transforme l'usager en acteur. C'est pourquoi on passe de l'animation multimédia à la médiation numérique. Celle-ci ne peut s'inscrire que dans un territoire où l'EPN doit s'affirmer comme le pôle de ressources pour toutes les questions numériques liées au territoire. Le médiateur numérique a comme responsabilité de développer les usages sur un territoire : voilà une des différences majeures avec le métier d'animateur multimédia. Il s'agit de mettre en relation tous les acteurs concernés par le développement des usages des TIC. Pas seulement les EPN, mais aussi les écoles, le tissu associatif, les pouvoirs publics,... Il s'agit de construire un nouvel éco-système. »

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