Loïc Gervais, coordinateur des EPN de Thonon : « Il y a quelques années, je me définissais comme un animateur multimédia. Aujourd'hui, Je dis que je suis un médiateur numérique. La première raison de ce changement de terminologie, c'est la reconnaissance professionnelle. Lorsque j'allais sur les sites d'offre d'emploi et que je tapais « animateur multimédia », tout ce que je trouvais, c'était des offres de commercial pour vendre des mobiles dans les grandes surfaces ! Et lorsque je disais : « Mon métier, c'est d'aider les gens à s'approprier les TIC, on me répondait : « Ah, bon, tu es formateur ». Et bien non. Mon métier, au quotidien, c'est de donner quelques clés pour entrer dans l'univers numérique d'aujourd'hui. En France, on va bientôt pouvoir payer ses impôts avec son Smartphone. C'est très bien. Sauf qu'il n'y en a que 15 millions et que de très nombreuses personnes ne savent même pas ce que c'est. A l'école, les apprentissages numériques des enseignants sont loin d'être performants. Mais les EPN n'ont pas le droit d'y entrer ! Du coup, ce sont des sociétés privées qui s'en occupent. Personnellement, cela me dérange, d'autant qu'il y a souvent une question de compétences des formateurs. Et pas qu'à l'école d'ailleurs. C'est aussi le cas en formation professionnelle. Je me souviens d'un formateur qui cherchait la fonction « Souligner » dans un traitement de texte. Or il était en train de former des demandeurs d'emploi ! On se trouve ainsi devant différents acteurs qui font de la formation-sensibilisation, qui essaient de développer une culture numérique mais qui, finalement, ne sont eux-mêmes pas assez formés. Je pense que combler cette lacune relève de la responsabilité des EPN. »
Le métier des EPN a changé
« Il est très important de faire comprendre que notre métier, ce n'est pas que du clic souris. Notre univers a changé. Nous n'avons pas que des compétences technologiques et pédagogiques. Lorsque l'on évoque la Nétiquette, on touche au droit. Lorsque l'on aborde le téléchargement illégal, on touche à la sensibilisation à la loi. Nous sommes vraiment dans l'espace sociétal. Le Web 2.0 transforme l'usager en acteur. C'est pourquoi on passe de l'animation multimédia à la médiation numérique. Celle-ci ne peut s'inscrire que dans un territoire où l'EPN doit s'affirmer comme le pôle de ressources pour toutes les questions numériques liées au territoire. Le médiateur numérique a comme responsabilité de développer les usages sur un territoire : voilà une des différences majeures avec le métier d'animateur multimédia. Il s'agit de mettre en relation tous les acteurs concernés par le développement des usages des TIC. Pas seulement les EPN, mais aussi les écoles, le tissu associatif, les pouvoirs publics,... Il s'agit de construire un nouvel éco-système. »