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Réseaux sociaux, une fracture numérique d'usage selon que vous êtes riche ou pauvre

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Fracture numérique ? Une expression galvaudée employée à toutes les sauces... On connait la fracture numérique d'accès (infrastructure, équipement), d'usage (je sais / je ne sais pas me servir d'un ordinateur et de logiciels) et d'usage de deuxième niveau (quels usages fait-on de l'informatique et de l'internet ?).

La nouvelle édition du magazine Enjeux-Les Echos (avril 2009) fait état de cette fracture d'usage de deuxième niveau préoccupante appliquée aux réseaux sociaux : "Réseaux sociaux : un profil selon que vous êtes riche ou pauvre" :
"Une telle exposition de soi fascine autant qu'elle inquiète, compte tenu de l'impact et de la multiplication des réseaux sociaux, de Facebook à MySpace, de LinkedIn à Twitter, de Skyrock à Copainsdavant. " Les profils sont la représentation numérique publique de l'identité ", rappelle l'anthropologue américaine Danah Boyd. Et au-delà du danger d'usurpation et de désinformation identitaires, les traces sont souvent indélébiles.  (...)

Si les frottements entre milieux sociaux sont plus aisés et plus fréquents que dans la vie, les paramètres socioculturels restent très prégnants. Une stratégie de conquête - pour élargir le réseau au-delà de l'origine sociale - conduit à prendre plus de risques et à adopter des comportements plus aventureux. Et les internautes de milieu modeste mettent plus facilement leur corps en scène, jusqu'à la provocation, que les cadres ou les chefs d'entreprise.  Les mêmes clivages se retrouvent lorsqu'il s'agit d'accepter ou refuser les demandes d'intégration du cercle intime. Là où les "modestes", les "traditionnels" et les classes sociales aisées restent prudents, les "provos", les "exhibitionnistes" et les classes sociales moins favorisées ouvrent largement leur cercle."

Il y aurait donc des clivages d'utilisation des réseaux sociaux assez marqués selon les catégories socio-professionnelles (CSP). Le recul critique et les stratégies de présence et de "mise en ligne" seraient l'apanage de groupes sociaux (CSP) plus aisés, davantage à même par leurs compétences et leur capital socio-cognitif à agir sur ces réseaux sociaux en toute connaissance de cause.

C'est sans doute pourquoi l'éducation au multimédia spécifique aux réseaux sociaux trouve toute sa place dans les Espaces Publics Numériques de Wallonie et les structures de médiation, d'initiation et de formation aux outils technologiques.

Tags : fracture-numérique - identité numérique - public précarisé - réseaux sociaux