Le rapport final de l'étude confiée par le
SPP Intégration sociale à la
Fondation Travail-Université et au Centre de recherche K-point de la
Katholieke Hoogeschool Kempen, dans le cadre du plan national de lutte contre la fracture numérique est maintenant disponible. L'étude a consisté à
évaluer la première phase du plan (2005-2010) et à préparer des orientations et des propositions pour une seconde phase du plan (2011-2015). C'est un document important car il évalue les actions menées pendant 5 ans et permet de voir quelles vont êtres les grandes lignes directrices de la politique belge en matière d'E-inclusion pour les 5 prochaines années.
Dans la
deuxième partie de ce document, le rapport analyse l'évolution de la fracture numérique de 2005 à 2010.
"La notion de "
fracture numérique" désigne communément le fossé séparant ceux qui bénéficient de l'accès à internet et aux technologies numériques et ceux qui n'en bénéficient pas. Toutefois,les chercheurs considèrent aujourd'hui que cette notion est moins polarisée, dans le sens où elle comporte plusieurs dimensions qui interagissent et évoluent.
La fracture numérique a d'abord une dimension matérielle. Elle renvoie alors à un déficit en termes d'équipement et d'accès. C'est ce que l'on désigne comme étant la
fracture numérique au premier degré.
La fracture numérique a aussi une dimension intellectuelle et sociale. Elle renvoie alors au manque de maitrise des compétences et connaissances fondamentales pour l'usage des TIC et l'exploitation de leurs contenus, ainsi que le manque de ressources sociales pour développer des usages qui permettent de négocier une position sociale valorisante. C'est ce que l'on désigne comme étant la
fracture numérique au second degré. Cette sorte de fracture dans la fracture se créée une fois que la barrière de l'accès est surmontée, au niveau des modes d'usages de la technologie et des contenus numériques.
La fracture numérique est également
évolutive, dans la mesure où elle est un processus social dynamique qui évolue au fil du temps et non un état stable. Ceci implique que tous les individus - et pas uniquement ceux appartenant aux groupes sociaux défavorisés - sont susceptibles de se trouver provisoirement plus en moins vulnérables.
Cet éclairage sur l'évolution de la notion de fracture numérique permet de souligner que la
première phase du plan a eu le mérite d'appréhender la fracture numérique dans sa double dimension d'accès et d'usage."
Les propositions pour un "Plan stratégique belge e-inclusion 2011-2015"
- Mettre en place une coordination nationale avec une articulation forte entre les niveaux de pouvoir et donc mettre sur pied un dispositif institutionnel qui permettra une coopération active entre les structures.
- Création d'une fonction de "Porte-parole e-inclusion" pour assurer la promotion et la visibilité du plan vers l'extérieur.
- Création de plateformes régionales pour impliquer la participation des acteurs de terrain et des pouvoirs locaux et régionaux.
- Redéfinir les politiques d'aide à l'acquisition individuelle d'équipements informatiques multimédia.
- Garantir une réduction du coût de l'internet à haut débit pour l'ensemble de la population.
- Créer un "tarif social internet" pour les catégories les plus défavorisées de la population.
- Développer et soutenir une offre de services de maintenance informatique à des coûts adaptés aux situations des différentes catégories de la population.
- Renforcer les engagements pris par les autorités fédérales et régionales en matière d'e-accessibilité.
- Poursuivre et renforcer la sécurité d'utilisation d'internet et la confiance des utilisateurs, en particulier pour les groupes les plus vulnérables.
- Renforcer la visibilité et renforcer les points d'accès publics et les espaces publics numériques existants.
- Poursuivre la création d'au moins un espace public numérique par commune.
- Développer et renforcer les réseaux régionaux d'espaces publics numériques et soutenir la réflexion menée par les EPN/OCR sur leur avenir et l'évolution de leur rôle.
- Développer et soutenir des services associatifs de maintenance et de développement informatique à destination du secteur socio-éducatif.
- Sensibiliser les autorités locales à la mise en place de plans locaux d'inclusion numérique et leur apporter un meilleur soutien financier pour qu'elles investissent dans des projets TIC à la portée de tous et qu'elles favorisent une articulation locale entre les différentes initiatives en matière d'inclusion numérique et sociale
- Assurer la reconnaissance professionnelle du métier d'animateur d'EPN/OCR, en valorisant notamment son rôle social grandissant et en professionnalisant son statut.
- Soutenir et renforcer des dispositifs locaux innovants de formation aux TIC mis en place par des EPN, des organismes sociaux ou des infrastructures publiques en vue de toucher des publics traditionnellement éloignés des TIC.
- Imbriquer les TIC dans la formation générale, tout au long de la vie, en travaillant à
l'incorporation systématique des formations à l'usage des technologies numériques au sein d'un parcours intégré d'enseignement, de formation professionnelle, de formation continuée ou d'éducation permanente.
- Pour les publics particulièrement vulnérables ou isolés, prolonger et renforcer la convergence de l'accompagnement social et de l'accompagnement aux usages des TIC.
- Améliorer la culture numérique des enseignants, des travailleurs sociaux et autres intermédiaires de l'action socioculturelle et mobiliser davantage l'ensemble des professionnels de l'action sociale autour de la problématique de l'inclusion numérique en les formant à une meilleure appropriation des technologies numériques dans leurs pratiques professionnelles quotidiennes.
- Former à la production de contenus et inclure la communication interactive et la production de contenus dans les programmes d'insertion socioprofessionnelle.
- Sensibiliser aux formes nouvelles de culture numérique, dans la lecture, l'audiovisuel, la musique, les arts et spectacles, etc.
- Mettre en place un cadre juridique pour les nouveaux usages du web 2.0 dans le travail social.
- Encourager l'acquisition et la diffusion d'une meilleure culture numérique par les décideurs de tous les niveaux des administrations et du pouvoir politique, notamment par la mise en réseau de bonnes pratiques entre les administrations et par l'information constante de leurs décideurs.
- Soutenir le développement de filières de recyclage et de réhabilitation pour le matériel informatique et pour les consommables, notamment à travers l'économie sociale et l'entrepreneuriat "vert.
- Réduire l'empreinte écologique des TIC en sensibilisant les divers acteurs institutionnels et de terrain aux critères concrets de diminution de l'empreinte écologique de leurs activités.
- Promouvoir la conception et le développement de solutions open source pour les besoins spécifiques du monde de l'enseignement, de la culture et de l'action sociale.
- Promouvoir des applications simples des TIC, à la portée de tous, pour optimiser la
consommation d'énergie des ménages et améliorer la qualité de l'habitat.
- Prolonger et renforcer les initiatives de communication et de collaboration entre générations à l'aide des TIC, pour viser non seulement un objectif de formation des séniors, mais aussi et surtout un double objectif de solidarité intergénérationnelle et de capitalisation de l'héritage culturel.
- Promouvoir des applications des TIC au service de la qualité de vie et de l'autonomie des personnes handicapées, des personnes âgées, des personnes en mauvaise santé ou des malades chroniques.
- Mettre en place une plateforme de veille technologique dans le domaine des risques et des opportunités des innovations émergentes, en créant des synergies nouvelles entre les initiatives existantes en matière de veille technologique (AWT, IBBT notamment).
- Mettre en place un monitoring des usages émergents des technologies numériques.
- Anticiper la vulnérabilité numérique en prolongeant non seulement les actions à caractère curatif auprès des populations exclues, mais aussi en renforçant les actions de prévention auprès de ceux qui courent le risque d'être exclus à plus ou moins long terme.
- Améliorer le dispositif existant en matière de baromètre des inégalités numériques en articulant, au niveau d'un groupe d'experts inter-institutionnel, les approches et les résultats des enquêtes réalisées aux différents niveaux de pouvoir et dans différents domaines.
- Mettre en place, au niveau national, un groupe permanent d'experts, provenant des mondes académique, institutionnel et associatif pour formuler notamment des conseils aux décideurs politiques en matière d'inclusion numérique.
- Associer plus systématiquement les centres de recherche et les universités aux démarches de monitoring et d'anticipation en matière d'inclusion numérique.
- Lancer et soutenir des projets de recherche dans le domaine des sciences sociales et humaines, concernant l'évolution des usages des TIC ainsi que des inégalités, des risques et des opportunités qui y sont liés.
- Mettre concrètement en oeuvre le principe de l'intégration d'un volet de recherche sur les aspects sociaux, juridiques et éthiques dans les programmes de développement technologique.
- Développer plus systématiquement une évaluation scientifique externe des actions conçues et mises en oeuvre dans le cadre de la deuxième phase du plan.