(Article rédigé par Maude Maréchal)
Quels usages du numérique avec les personnes en situation d'illettrisme ? Les 9 et 10 février l'agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) posait cette question aux acteurs de l'entreprise, de l'éducation, de l'insertion, de l'action sociale et culturelle... Lors de cette conférence, les ateliers sur les usages du numérique ont été une occasion de découvrir des intervenants variés et témoignages concrets.
Alors que paradoxalement le numérique fait partie intégrante de notre quotidien, l'apprentissage des nouvelles technologies semble impossible quand l'autonomie dans les situations simples de la vie courante est rendue difficile. L'illettrisme est ce handicape partagé par ces personnes scolarisées, mais qui pourtant n'ont pas acquis les connaissances de base de la lecture, de l'écriture et du calcul.
Et pourtant les usages multiples qui découlent du multimédia, des outils 2.0 (réseau sociaux, blog, GoogleDocs,...) suscitent une amélioration des capacités avec un apprentissage sans douleur.
De nombreux outils commerciaux en ligne (FAD ou LMS) existent, ils semblent principalement destinés aux usager de gros centres de formation ou aux entreprises. L'investissement dans un outil de FAD exige un nombre d'utilisateurs importants pour contrebalancer l'investissement important (en coût et en énergie). Les Learning Management Systeme (LMS) sont des solutions qui ne proposent pas spécifiquement de création de contenu, mais sont dans ce cas principalement des plate-formes d'e-learning sur laquelle sont construits, avec l'aide du fournisseur ou en autonomie, ses propres scénarios pédagogiques.
Pour certaines régions françaises, de nombreux moyens ont été investis, tant en argent, qu'en temps ou personnel, ce qui a permis de développer des produits, fiches d'activités interactives, outils pédagogiques de construction du projet professionnel. La plupart de ces contenu étant cependant accessible exclusivement pour les projets de développement interne de ces institutions. Les acteurs plus petit ou locaux, tels les EPN en sont très souvent exclus.
Enfin dans les structures plus proches de nos EPN, le constat est le même qu'en Wallonie : « partenariat et bidouillage ! »
Force est de constater cependant que le bidouillage n'est pas chose simple. Adapter à un public en situation d'illettrisme des supports de cours, réaliser des scénarios pédagogiques et développer ou utiliser des fiches de remédiation des compétences de base,... ne sont pas choses aisées même avec le numérique.
Nous sommes dès lors amenés à jongler continuellement entre animations culturelles /multimédias et séquences d'apprentissage des connaissances de base, sans oublier par ailleurs les besoins essentiels de l'usager !
Pour un animateur EPN, il est souvent difficile de se repérer dans l'apprentissage d'un usager. Il faut pouvoir situer les lacunes, le chemin déjà parcouru, le chemin restant à parcourir et définir des priorités d'apprentissage.
Les partenariats hors du numérique ont pour objectif d'augmenter les performances de nos EPN. Ils doivent participer en complément et avec un esprit d'ouverture aux compétences numériques ciblées dans l'apprentissage de l'usager.
Travailler avec un public en situation d'illettrisme, suppose de cibler et comprendre où se situe les difficultés de l'apprenant. Nous pouvons tous construire un exercice de recherche sur les horaires ferroviaires, en revanche il est moins aisé de remédier aux difficultés à se situer dans l'espace, d'identifier l'info pertinente,...
Cette recherche de l'autonomie, tout en étant généralisée, ne doit pas être résumée par de la simple reproduction.
Les besoins identifiés sont donc :
A noter enfin que certains acteurs tendent vers les mêmes conclusions et proposent, comme le CRI Auvergne diverses actions sur le travail de la professionnalisation des acteurs de la lutte contre l'illettrisme. Ils construisent actuellement un projet de FAD (formation à distance), des formations et conseils sur les usages et les pratiques pédagogiques sur cette thématique.
Maude Maréchal
NB : Une formation à destination des animateurs d'EPN est programmée pour le 25 mai 2012 (EPN et illettrisme - Formatrice : Maude Maréchal)
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