Le blog

L'Espace Culture Multimédia du Centre Culturel Saint-Exupéry de Reims n'est ni une bibliothèque ni une médiathèque... Mais cet EPN Français est réellement atypique. Coordonné par sa directrice Anne-Isabelle Vignaud, l'ECM Saint-Exupéry a développé avec son équipe une approche originale créative de sensibilisation et d'appropriation de l'internet pour des publics éloignés, précarisés et novices du Web.

Lors du 54e congrès de l'Association des Bibliothécaires de France (ABF) qui s'est déroulé du 12 au 15 juin 2008 à Reims, l'atelier du 13 juin 2008 : "Des ordis, pour quoi faire ?" a permis à Anne-Isabelle Vignaud de présenter l'expérience de l'ECM du Centre Culturel Saint-Exupéry de Reims, un exposé enthousiaste qui a ravi l'assistance attentive tout comme lors de la rencontre du jeudi des Espaces Publics Numériques sur le thème de l'aménagement des EPN, le 5 avril 2007 à Boulogne-Billancourt (France).

Retrouvez sur le blog de l'ABF, le texte passionnant de l'intervention d'Anne-Isabelle Vignaud : "Le multimédia buissonnier" : "Témoignages sur les ateliers conduits par l'espace culture multimédia du centre Saint-Exupéry de Reims".

Comment l'Art et le multimédia s'acoquinent pour proposer à des publics non usagers de l'internet et de l'informatique de découvrir les potentialités de l'outil dans des scénographies et des séquences d'apprentissage où la machine est désacralisée, son utilité habituelle désincarnée pour imaginer, rêver, construire et créer.

Ce texte est réellement étonnant et propose des démarches variées d'appropriation des technologies non communes mais très intéressantes en jouant sur des ambiances et avec des séquences pédagogiques réfléchies comme des dispositifs créatifs... EPN de Wallonie ou d'ailleurs, n'hésitez pas à vous en inspirer!! Extrait évocateur :

"Quelques semaines plus tard, l'ECM engage un programme avec un groupe de femmes allocataires du Revenu Minimum d'Insertion, accompagnées par une conseillère en économie sociale et familiale du Conseil Général de la Marne. Le groupe travaille sur le thème des cultures de l'Afrique. Plusieurs rencontres sont prévues avec l'ECM pour une initiation aux T.I.C. Le premier rendez-vous aura lieu dans la Maison de Quartier, lieu familier de l'atelier. L'équipe de l'espace culture multimédia vient quelques jours auparavant pour choisir l'emplacement du parcours : une salle longue, pas trop grande, pour créer du contact et de la proximité. Elle sera entièrement pendrillonnée pour assurer une pénombre douce, chaleureuse, propice à valoriser les projections. Les ordinateurs sont posés sur des tables basses, des poufs, des coussins, quelques lampes de chevet sont installées. A l'heure habituelle de l'atelier après le café rituel, le groupe est invité à entrer et est accueilli avec des rondelles de bananes plantains chaudes que l'on a fait frire dans la cuisine de la Maison de quartier. Des images vidéo habillent les murs de motifs de tissus africains, vaste décor dans lequel on peut prendre la pose et se faire photographier seul ou en groupe. Les tissus dessinent des tatouages et des scarifications sur la peau à la manière africaine. A la fin de la séance, un diaporama rapidement monté par l'animatrice projettera le souvenir de ces moments vécus ensemble ; on peut aussi imprimer quelques clichés et repartir avec. L'expérience de la mise en abyme des images, propre aux T.I.C., est ainsi vécue dès la première rencontre.

Plus loin, l'équipe de l'ECM a scanné des croquis réalisés par l'ethnologue Marcel Griaule en 1938 pour décrire les danses des masques africains. En utilisant le logiciel de montage très simple iMovie, les visiteuses montent, image par image, un film de quelques secondes qui met les masques dogons en mouvement.

A côté, on peut visionner de courts portraits d'Africains vivant en France et parlant de ce qui leur manque de l'Afrique : il feuillettent des photos, montrent des objets du quotidien. Ces séquences téléchargées sur le Net ont été réalisées par l'espace culture multimédia Confluences - Regard métis de Paris. Le réseau des 150 espaces culture multimédia français constitue une réserve importante de documents et de matière grise.

Sur une table à quelques mètres sont disposés des objets délicats empruntés aux associations africaines rémoises, masques, jeu d'awalé, poupées, tissus ; on apprend à les éclairer, à les filmer, à les photographier... Chaque visiteuse progresse à son rythme et passe d'un pôle à l'autre comme elle l'entend. Observatrices puis actrices, elles apprennent à manipuler une souris, photographier, filmer, monter une séquence, sélectionner un site favori, imprimer une image."