(Résumé de l'article paru dans la lettre EMERIT de Mars 2010)
Le trimestriel d'information de la Fondation Travail-Université pose cette question intéressante et permet de faire la mise au point début 2010 sur l'inclusion numérique en Belgique.
En juin 2006, les pays membres de l'Union européenne se sont engagés à "réduire de moitié la fracture numérique sur la période 2005-2010". La Belgique va-t-elle atteindre cet objectif ?
D'après les différentes études réalisées (FTU et Statbel entre autres...), en Belgique plus de 80% des individus entre de 25 et 55 ans utilisent régulièrement Internet. Ce qu'on remarque aujourd'hui c'est que si la diffusion d'Internet s'est étendue au cours de ces dernières années, il y a une catégorie de la population dans laquelle le nombre d'utilisateurs n'a pas augmenté : celle dont les revenus sont les plus bas. Le revenu reste donc une cause très importante dans l'inégalité de l'accès à Internet. D'autres variables interviennent également : le niveau de diplôme, le statut professionnel, les écarts entre hommes et femmes et les disparités géographiques. En effet, les régions économiquement défavorisées et les zones rurales comptent davantage de population éloignée de l'Internet.
Si on observe un léger recul dans cette catégorie de la population belge, on observe quand même des taux de croissance élevés dans les accès dans certaines catégories sociales comme les seniors (+58% chez les 55-64 ans et +133% chez les 65-74 ans !) ou les demandeurs d'emploi (+51%). Ceci indique une sorte d'effet de rattrapage pour ces catégories.
Alors, peut-on dire que la fracture numérique se réduit en Belgique ? Oui parce que le nombre de connexion augmente très rapidement et qu'on constate que certaines catégories sociales rattrapent leur retard mais "la fracture numérique ne se mesure pas au nombre de personnes connectées mais à la diminution des écarts entre les catégories de la population". Ce sont ces écarts qui sont à l'origine d'inégalités sociales face au développement de la société de l'information.
Ainsi, pour savoir si la fracture numérique s'est réduite, il faut mesurer les écarts entre les différentes catégories de la population et les examiner. Sur base des données Eurostat pour la Belgique (Calculs FTU 2010), il apparaît que de 2005 à 2009, tous les écarts se sont réduits sauf par rapport au revenu. Dans ce domaine, le fossé s'est même creusé au détriment du quart de la population qui dispose des revenus les plus bas.
Les objectifs de la Déclaration de Riga (Les pays membres de l'Union européenne s'engagent en faveur d'une société de l'information accessible fondée sur l'inclusion) sont atteints ou presque atteints pour certains groupes cibles comme les seniors par exemple mais, en revanche mais sont loin d'être atteints pour d'autres catégories sociales (personnes peu diplômées, ...). Si le bilan est globalement favorable, il est important aujourd'hui de mettre l'accent sur l'identification de ceux et celles qui n'ont pas encore accès à Internet, de comprendre pourquoi ils en sont exclus et de créer des politiques ciblées pour favoriser l'inclusion numérique et par cette voie, l'inclusion sociale.
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