... C'est l'histoire... D'un article de la journaliste Béatrice Gurrey en page 3 du journal Le Monde daté du samedi 15 novembre 2008. C'est l'histoire d'une femme, Julie Lacoste, 31 ans, mère de deux enfants, Jules (6 ans) et Orphée (2 ans), SDF à Paris qui cherche désespérément un logement fixe, un toit autre que ceux qu'on lui prête depuis des mois.
C'est aussi l'histoire d'un blog, celui de cette maman,
Un Temps de retard : Journal de Bord d'une mère sans logement, un récit de vie, loin, très loin des blogs marketing, publicitaires, branchés, Web 2 ou en haut des classements... C'est l'histoire d'un quotidien difficile. C'est d'abord cela, des mots qui s'affichent en articles, jour après jour :
"J'ai décidé d'écrire chaque semaine où j'en suis, un petit journal de bord pour moi-même mais aussi pour que tout le monde comprenne ce que ça veut dire concrètement, d'être sans logement aujourd'hui à Paris."
C'est un nombre considérable de commentaires pour chaque article publié. C'est la simplicité de l'écriture, le côté poignant de l'expression... Oui l'expression, car c'est sans doute cela l'essence du blog : la capacité d'offrir la parole à chacun sans maîtriser toutes les arcanes de la technique informatique. Souvenons-nous en pour les EPN et dans les EPN! C'est aussi le rôle des Espaces Publics Numériques que de donner la capacité aux gens d'être des citoyens qui peuvent s'exprimer en ligne, à ceux qui vivent cette "fracture numérique" et d'autres fractures de vie.
Cet après-midi, l'article du Monde "
Moi, Julie, mère SDF et blogueuse" a eu l'effet de révéler au grand jour, le témoignage d'un parcours heurté de vie et d'une solidarité qui s'affirme telle une vague irrépressible dans les commentaires. Il n'y a pas de mot assez fort pour décrire ce qui se passe, ce flot de messages ininterrompu...
Et puis, il y a aussi cette
photo poignante illustrant l'article du Monde :
"Sur un pont ferroviaire, à Paris, Julie Lacoste, accompagnée d'un de ses fils, fixe les voies de chemin de fer." Orphée, 2 ans, lance un regard difficile au photographe.
Et puisque la réalité rattrape le témoignage, en bas de la page 3 de l'édition papier du Monde, au-dessous de cet article, une indécence qui fait mal : la publicité pour un sac à main d'une marque de luxe.