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C'était le sujet, ce 14 décembre, de la conférence organisée à PointCulture Botanique par MediaAnimation. Professeur à l'UQAM de Montréal, Mélanie Milette se penche depuis une dizaine d'années sur les usages et enjeux citoyens des médias sociaux.
Mc Afee arrêté à cause d'une photo
Mélanie Millette :«Lorsque le 13 novembre 2012, la police se rend sur l'île d'Ambergis Cayes pour y entendre John Mc Afee à propos du meurtre de son voisin, l'homme a déserté. Quelques jours plus tard, le magazine Vice publie une interview du créateur du célèbre logiciel de sécurité où il explique les raisons de sa fuite. L'article est accompagné d'une photo de l'ex-dirigeant américain. L'entretien a eu lieu «quelque part dans le monde». Mais des métadonnées sont attachées à cette image. Elles renvoient à un restaurant situé au Guatémala. McAfee sera arrêté et expulsé vers les Etats Unis. Mélanie Millette: «C'est l'une des illustrations de ce que ces fameuses métadonnées que même des professionnels du numérique ont souvent tendance à négliger peuvent avoir des conséquences très importantes sur nous.»
2,5 quintillons de bytes par jour
Les algorithmes sont constitués par une suite d'opérations mathématiques. Ils ont pour fonction de trier l'information selon certains critères établis par des personnes qui en ont pensé chacune des variables et leur ont attribué un poids. "Ce sont des facilitateurs, des catalysateurs, des assistants de prise de décision dans un monde où le volume d'informations générées est en augmentation exponentielle. On estime que 90 % des donné'es produits sur le net l'ont été dans les deux dernières années. Chaque jour, on produit 2,5 quintillons de bytes. C'est pharamineux!"
Que veut-on faire faire aux algorithmes ?
Leur grammaire est la plupart du temps tenue secrète. Ce sont des boîtes noires, protégées par des brevets de propriété intellectuelle. Mais certains, comme CineMatch, ont été en partie rendus publics. «C'est NetFlix lui même qui l'a rendu populaire en lançant en 2009 un concours auprès des programmeurs. Le but était d'améliorer de 10% l'efficacité de son outil de suggestion et de recommandation de contenus. Pour ce faire, les ingénieurs de NetFlix ont largement documenté leur algorithme. C'est ainsi que l'on sait que, derrière la variable utilisateur, on trouve notamment le genre déclaré de la personne, le code postal, les références de son quartier ou encore le profil idéologique de la personne. Reste que rendre un algorithme public, c'est à dire publier son code source, ne rend pas directement «lisible» les intentions de ceux qui l'ont conçu, tant le nombre de variables est important et les corrélations complexes».
Recommandation numérique
C'est pourquoi il vaut mieux se pencher sur les finalités recherchées par ses concepteurs. Ici, NetFlix s'appuie sur 4 grandes catégories d'algorithmes. «Search» va recenser les recherches de ses abonnés et les films et séries qu'ils ont le plus souvent regardés ensuite. «PVR» va générer un catalogue personnalisé en fonction des habitudes de visionnement. «CineMatch» a pour fonction d'anticiper le nombre d'étoiles qu'un abonné va attribuer à un programme. «ARO» déterminera enfin l'ordre dans lequel les rubriques apparaîtront sur la page d'accueil des abonnés. L'objectif: nourrir le moteur de recommandations du service en ligne de vidéos et anticiper le degré d'intérêt des utilisateurs pour une série ou un film. "C'est en prenant conscience de l'existence et de la logique de tels mécanismes que l'utilisateur, le citoyen, peut récupérer une certaine maîtrise de son environnement numérique."